Édito
« Vous devez vous dépêcher si vous voulez voir quelque chose, tout disparaît. »
Paul Cézanne
NGAT is alive ! La rentrée est là, et l’aventure du Nouveau Gare au Théâtre continue de s’écrire, avec vous.
Pendant cet automne, 5 spectacles seront créés dans nos murs. Il y aura eu des étapes de travail, des lectures publiques, des rencontres. Et puis un soir, le spectacle apparait, là, devant nos yeux. Le chemin de création s’offre en partage, comme un condensé du vivant.
Au NGAT, on peut aussi assister à nos rendez-vous réguliers : Soirée secrète, I Want your Text, scènes ouvertes, se laisser traverser par l’inconnu.
Au NGAT, on peut pratiquer. Chaque semaine, 180 personnes fréquentent nos ateliers.
On peut y écrire. L’espace Claudine Galea, demeure à ce jour, le seul espace d’écriture permanent dans un théâtre en France. Il est ouvert à toutes celles et ceux qui ressentent la nécessité d’écrire.
Pratique amateur et pratique professionnelle se croisent.
Tout ici participe à façonner, entretenir et partager un mouvement, une vibration commune.
NGAT est une maison de création. Une maison de résidence, et de recherche. Un lieu pour réinventer ensemble la place de l’art dans nos vies. Son infini. Sa rage, sa nécessité, et la liberté qu’il peut révéler.
Cependant, quelque chose reste toujours à écrire.
Une part du lieu demeure vacante.
L’espace vacant n’est pas un espace vide, inusité. Un espace mort.
C’est l’inverse en fait.
L’espace vacant est l’endroit de l’intervalle. De l’interstice qui échappe à la définition. C’est une promesse. La place faite pour celui ou celle qui n’est pas encore là.
Depuis quelques mois, nous avons commandé de courts textes à plusieurs autrices et auteurs car, qui mieux qu’elles·eux, sont à même mettre des mots sur cette part invisible qui fait qu’un lieu est vivant?
Notre marraine Claudine Galea écrit : « Être attendu·e, espéré·e, cela devrait être le fait de chaque théâtre, offrir aux auteur·trices ce désir de leur présence et de leur création ».
Emilie Lacoste : « Un lieu vacant c’est aussi ce qu’il faut pour les amoureux, on pourrait peut-être rêver de ça : la représentation comme une rencontre amoureuse. La répétition comme une préparation à la rencontre amoureuse. (…) le lieu deviendrait alors un espace entre les êtres. »
Jean Paul Rouvrais : « Comme un appel lancé. A qui voudra. A qui verra. Des gens qui ne viendront pas par hasard car ils sauront que ce lieu porte en lui une teinte qui leur ressemble. Et que c’est ça qu’ils veulent. Que c’est de ça dont ils ont besoin. »
Matthias Claeys : «Depuis la table au bois clair sur laquelle j’écris, l’ordinateur, le cahier et le carnet, depuis le lieu de mes mains jusqu’au papier entre les tiennes, jusqu’au lieu de tes yeux, depuis les endroits traversés jusqu’aux répercussions encore inimaginées».
L’espace vacant appelle la suite du poème.
On vous attend pour l’écrire avec nous.
Diane Landrot & Yan Allegret